HISTORIQUE DU LYCÉE TECHNIQUE D’ÉTAT VAUCANSON

 

Cet établissement, qui va avoir 150 ans cette année, a subi depuis sa création de très nombreuses modifications.
Dans sa forme actuelle, il succède à ce qui a été "l'École VAUCANSON" dont les grenoblois ont toujours été très fiers et qui en un temps a été qualifiée de "plus importante université du travail de France" ou de "plus belle école professionnelle de France".
Quelle réalité ou quelle part de rêve y a-t-il dans ces qualificatifs ? Pour le savoir, reportons-nous aux documents que possède- "l'Association des Anciens Élèves de l'École et des Lycées VAUCANSON", aux archives administratives du lycée, aux souvenirs de tous ceux, maîtres et élèves, qui se souviennent encore, et bien entendu aux déclarations de ceux qui ont la lourde charge de le diriger actuellement.
En 1833, une loi du 28 Juin sur l'instruction primaire met les communes de plus de 6 000 habitants dans l'obligation de créer une école primaire supérieure. Grenoble, déjà dotée d'une école mutuelle laïque et de plusieurs écoles tenues par les congressistes, voulut mettre son enseignement primaire au niveau des exigences de l'époque. Elle créa donc en 1836 une école supérieure dont le but était de préparer aux professions commerciales et industrielles, à l'école des Arts et Métiers, à celle des Mines, aux emplois des Ponts et Chaussées et des Administrations publiques.
La direction en fût d'abord confiée à un professeur de la ville, monsieur CLOPIN, qui très rapidement céda sa place à un une élève de l'École Normale de Versailles, monsieur HAUQUELIN. Pendant 40 ans, celui-ci devait consacrer son intelligence et son énergie à cette nouvelle école et ensuite à l’École professionnelle.
Installée provisoirement dans la Tour de l'Hôtel de Ville, les débuts de cette école furent très modestes (19 élèves la première année). L'enseignement comportait trois années d'études et les élèves payaient une rétribution (60 francs par an en 1838 - 39). Des places gratuites étaient offertes sous forme de bourses accordées sur concours aux meilleurs élèves des écoles communales élémentaires.
Les résultats de l'enseignement furent remarqués et l'école se développa rapidement : 108 élèves en 1841, 170 en 1846. Cette augmentation de la population scolaire obligea à un transfert de l'école en 1844 dans un local plus vaste situé rue de la Halle (aujourd'hui rue de la République). Cette expansion ne nuisit pas à l'enseignement et nombre d'élèves furent admis dans les premiers rangs de diverses écoles de l'État. Certains réussirent aussi de brillantes carrières commerciales, industrielles et même politiques.
En 1850, Grenoble avait à sa tête un homme sincèrement démocrate, animé par des sentiments philanthropiques, des idées libérales et possédant une excellente science juridique. C'était Frédéric TAULIER, Maire de la Ville, qui avait jugé qu'une lacune existait entre l'enseignement primaire et l'enseignement secondaire. Il conçut l'idée de créer un établissement tenant le juste milieu entre l'École primaire Supérieure existante et le Lycée. Il proposa donc au Conseil Municipal de créer une École Professionnelle   donnant un enseignement essentiellement pratique et préparant spécialement aux carrières industrielles, commerciales et agricoles. Ces propositions   furent adoptées par le Conseil Municipal le 29 Juillet 1850, lequel (décida au cours de la même séance de transférer la nouvelle école dans l'ancien couvent des Ursulines (situé dans la rue HAUQUELTIN actuelle) afin de disposer de locaux plus vastes pour satisfaire aussi bien aux besoins de l'enseignement qu'à ceux de l'hébergement, car Frédéric TAULIER voulait que toute la région dauphinoise profitât de cette réalisation en créant. un internat. Ainsi, Grenoble -venait de se doter d'un établissement unique en France, prêt à diffuser un enseignement technique de qualité dont l'utilité et les bienfaits ont été depuis lors chaque jour de plus en plus appréciés.
Cette nouvelle école ouvrit ses portes le 1er Janvier 1851 et Monsieur HAUQUELIN en garda la direction. L'enseignement durait quatre armées et les élèves payaient 6 francs par mois, s'ils étaient externes et 450 francs par an, s'ils étaient internes (en 1857 ces prix furent respectivement de 8 et de 550 francs). Afin d'ouvrir l'enseignement au plus grand nombre, l'État, le Département et la Ville attribuaient des bourses aux plus méritants. Peut-être est-il utile de noter que l'internat était limité à 2 élèves et que de nombreuses familles grenobloises prirent des pensionnaires.
Grâce à l'habile et énergique direction de monsieur HAUQUELIN, à l'excellent esprit qui régnait, aux habitudes de travail inculquées aux élèves, à l’enseignement de haute qualité dispensé par les maîtres, cette nouvelle école professionnelle connu chaque année de remarquables succès. Elle fut longtemps la seule à pourvoir, dans l'Isère, au recrutement des écoles des Arts et Métiers.

En 1876, après presque 40 ans de direction, Monsieur HAUQUELIN demanda sa mise à la retraite et fut remplacé par Monsieur PERRIN. Le changement de directeur de l'école fut l'occasion d'une réorganisation presque complète, tant sur le plan pédagogique que sur celui du régime intérieur. Simultanément, le Conseil Municipal de GRENOBLE, par délibération du 13 Septembre 1876, donnait le VOCANSON à l'école professionnelle.
Dans le cadre de cette réorganisation, les élèves externes furent admis aux études du matin et du soir (de 6 h en été et 6 h1/2 en hiver, jusqu'à 19h30) ce qui contribua énormément à la bonne marche de I ‘établissement. Les programmes furent augmentés par l'étude des langues
vivantes et par le développement des travaux manuels.

En 1881, les ateliers furent construits et équipés de forges, d'étaux, de tours, de bancs de menuiserie, de scies à ruban, etc. Ces machines-outils étaient actionnées par un moteur à gaz. En outre, une partie de l’ancienne chapelle fut transformée en salle de manipulation chimique, l'autre partie, en salle de modelage ou de moulage de plâtre ou de ciment.

Avec ces ateliers, le génie de la mécanique de VAUCANSON entrait à l’École Professionnelle et, si les enseignants n’orientèrent pas spécialement les élèves vers l'étude des automates, du moins donnèrent-ils aux générations futures le goût de la recherche technique hérité du grand inventeur français né à Grenoble un siècle et demi plus tôt.
L'importance de cette école peut être appréciée par l'accroissement du nombre d'élèves qui passa de 275 en 1876, à 423 en 1888. A partir de 1883, l'externat devint gratuit, conséquences de l'application de la Loi du 14 Juin 1881 et d'un accord entre La municipalité de Grenoble et l’État. Mais l'internat conserva son caractère municipal.
Depuis 1886, il était question à Grenoble de créer une école primaire de Commerce : l’École VAUCANSON paraissait tout indiquée. Mais le projet proposé par le Ministère de l'Instruction Publique en 1895 ne donna pas satisfaction aux édiles locaux. Après deux ans d'une dure bataille administrative, - à laquelle prirent part activement l'Association des Anciens Élèves, tout nouvellement créée (1878),- la municipalité, le Rectorat, la Préfecture, des professeurs de Faculté, permirent d'obtenir un accord actant le rattachement de l’École au Ministère du Commerce et de l'Industrie (décret du 15 août 1897).
Elle prit alors le nom "d’École Pratique de Commerce et d'Industrie VAUCANSON".

Le Conseil de perfectionnement aussitôt constitué, entreprit l'organisation nouvelle avec le concours du directeur, Monsieur PERRIN. Un nouveau programme fut élaboré : il comprenait toutes les matières précédentes mais leur enseignement était plus technique et tout particulièrement dirigé vers les applications pratiques. Une large place fut réservée à l'électricité issue de la houille blanche dont l'histoire commence d'ailleurs en Dauphiné.

A la fin de l'année scolaire 1898, Monsieur PERRIN était admis à faire valoir ses droits à la retraite et il fut remplacé par Monsieur CAILLARD, alors surveillant général de l’École. C'est donc lui qui assuma la lourde charge de réussir la transformation de l’École Professionnelle en École Pratique de Commerce de d'Industrie.
Il dut aménager des programmes, organiser de nouveaux cycles d'études, modifier les méthodes d'enseignement, faire évoluer les mentalités du personnel et des familles. Il y réussit fort bien, non seulement grâce à ses grandes qualités humaines mais aussi par l'amitié qu'il rencontra auprès des maîtres de talent et des professeurs aux larges vues qui l'entouraient et le secondaient.
Mais simultanément, il a dû s'attacher à résoudre le problème de la reconstruction de l’École qui devenait vraiment trop mal adaptée aux contraintes imposées par les nouveaux enseignements. Il dut batailler ferme pour faire avancer le projet car l'opinion publique grenobloise et les parties intéressées financièrement, avaient nombre de solutions. Si aucune d'entre elles ne se concrétisa pendant son temps de direction, il eut quand même le mérite de mettre au point un projet de transfert de l’École au Boulevard Gambetta.
C'est aussi pendant ces 12 années de direction que Monsieur CAILLARD, pour répondre aux demandes croissantes des familles, a organisé :

 

En 1910, Monsieur CAILLARD fut remplacé par Monsieur FROUMENTY qui reçut pour mission première de hâter le transfert de l'École au boulevard Gambetta.
Il s'y employa avec ardeur et en Juillet 1914 obtint une importante subvention de l'État. Hélas, le 2 août, c'était la guerre. Il fut mobilisé et pendant quatre ans l'École vécut avec des moyens de fortune. Il fallut attendre la fin de 1918 pour voir l'École retrouver une vie normale ou presque.
En 1919, Monsieur FROUMENTY fut appelé à la Direction de l'École Nationale de Vierzon et remplacé par Monsieur ROUMAJON qui eut la lourde responsabilité d'assurer l'implantation de l'École dans de nouveaux locaux en 1925. Le projet "Boulevard Gambetta" a été abandonné et la nouvelle installation fut réalisée rue Anatole FRANCE, c'est-à-dire à son emplacement actuel, où, sur plus de 15 hectares, l'École put prendre sa véritable dimension. Le Directeur fut aidé en cela par une Municipalité résolue et réalisatrice, mais aussi par beaucoup d'autres personnes ou administrations.
Un extrait d'une lettre adressée en 1936 au Président de l'Association des Anciens Élèves par Monsieur CAILLARD alors Inspecteur Honoraire de l'Enseignement Technique, ancien Directeur de l'École, montre bien ce qu'a été ce transfert : "transporter à 3 kms de là, sans le secours d'une entreprise de déménagement spécialise, tout ce capharnaüm d'objets utiles et inutiles, accumulé par des générations dans le vieux campement d'une smalah qui y vécut pendant au moins trois quart de siècle, c'est un haut fait qui dépasse l'imagination. Il fallait ainsi procéder cependant pour ne rien ajouter aux charges d'une municipalité particulièrement volontaire et bienveillante à qui était clac la solution du problème vital pour lequel, des années durant, les amis de VAUCANSON menèrent le bon combat.
ROUMAJON en tête, les professeurs, le personnel administratif, les agents de l'internat, les ingénieurs et les contremaîtres des ateliers, les élèves enfin, chacun dans sa sphère, chacun dans son rôle s'activa. Épisode mémorable qui absorba les 15 jours des vacances de Pâques de 1925."
Puis suit une description du déménagement faisant apparaître l'aide de l'Armée, l'allure des convois pareils à ceux de l'exode du Nord en septembre 1914, le dynamisme des élèves chantant le long des rues pour montrer leur participation, les problèmes de réinstallation dans des locaux absolument nus... etc... et la fierté de tous, lors de la visite publique organisée par la Municipalité, le second dimanche de Pâques.

Mais ce transfert ne fut pas la seule réalisation de Monsieur ROUMAJON. C'est lui qui obtint le rattachement à VAUCANSON de l’École Hôtelière pour améliorer l'organisation gestionnaire et pédagogique de celle-ci à laquelle le Conseil Général de l'Isère portait un intérêt tout particulier. C'est lui aussi qui, conscient des nécessités nouvelles issues de la guerre, de l'évolution de la vie et de la production a, dans l'esprit de la loi du 25 Juillet 1919, créé et organisé une série d'enseignements professionnels postscolaires :

En 1928, Monsieur ROUMAJON est remplacé par Monsieur CONSTANS. Si le bref passage de ce dernier ne lui permit pas de donner la pleine mesure de ses capacités, il réalisa toutefois le rattachement à l’École de la section des élèves conducteurs électriciens de l'Institut, aidé en la matière par le Doyen GOSSE. Placés dans un milieu qui leur convenait et bénéficiant de moyens matériels adaptés à leurs besoins, les élèves avaient tout à gagner de cette nouvelle organisation. C'est pendant cette période que furent aussi crées les ateliers de chaudronnerie et de fonderie et l’École des métiers de la papeterie.
En 1932, Monsieur VIGOUROUX prit le poste de directeur . Il continua l’œuvre de ses prédécesseurs :

En 1937, l'effectif est de 1071 élèves et un nouveau bâtiment dut être construit et aménagé en 19 salles de classe modernes, mises à la disposition des sections préparatoires, commerciales, hôtelières et industrielles. Les ateliers sont également considérablement agrandis.
En 1938, en accord avec la municipalité, la Chambre de Commerce et d'Industrie et la Direction Générale de l'Enseignement Technique, un atelier école d'apprentissage fut annexé à l'École Pratique.
Vinrent alors les terribles années 1939-1945. La première conséquence fut la suppression de l'internat
pendant l'année scolaire 1939-40, sauf pour quelques classes privilégiées telles celles préparant aux Écoles des Arts et Métiers. À la rentrée 1940, les internes retrouvèrent leurs dortoirs, les lavabos sans eau chaude, les douches une fois par semaine, le réveil à 6 heures, sauf pour les élèves des classes préparatoires qui se levaient à 7 heures, les réfectoires avec une nourriture quelque peu changée (cartes d'alimentation cbligent). La période fut difficile, mais grâce à ses grandes qualités humaines, Monsieur VIGOUROUX sut maintenir un enseignement de valeur et un état d'esprit digne d'éloge. II fut efficacement secondé dans sa mission par un encadrement administratif et professoral dévoué et compétent.
Pendant cette période, les Allemands favorisèrent le fonctionnement de l'École qui, par son enseignement technique formait des jeunes potentiellement aptes à leur rendre service ultérieurement dans le cadre du S.T.O.
Ainsi, les coupures de courant électrique étaient-elles exceptionnelles pour permettre aux ateliers de fonctionner normalement.
Mais, suite à la destruction de la caserne du 4ème Génie, les troupes d'occupation réquisitionnèrent l'École en décembre 1943. Le choix de VAUCANSON aurait été fait pour des raisons de sécurité. Un déménagement inverse de celui de 1925 eut alors lieu, mais dans une tout autre ambiance. La suppression de l'internat eut pour conséquence de réduire sérieusement l'effectif élèves jusqu'à la fin de l'année scolaire. Les cours continuèrent tant bien que mal en différents endroits, tels que les Écoles primaires Jean JAURES et Anatole FRANCE, l'A.P.P.S. rue de l'Ancien Champ de Mars, les ateliers rue MOYRAND, l'Institut FOURIER place Doyen GOSSE, l'Institut Électrotechnique avenue Félix VIALLET, etc.
Les examens eurent lieu quand même en temps voulu, mais probablement adaptés aux circonstances car de nombreuses heures de cours avaient dû être supprimées pour diverses raisons.
C'est à la même époque, en 1943, que "l'École Pratique de Commerce et d'Industrie" perdit son originalité pour devenir "Collège d'Enseignement Technique" rattaché à part entière au Ministère de l'Éducation Nationale.
À la rentrée scolaire de septembre 1944, monsieur MOUTTET, professeur de comptabilité, est désigné pour assurer la direction de l'École, fonction qu'il occupera pendant un an.
Ce fut essentiellement monsieur JOUET, nouveau directeur en 1945, qui eut la responsabilité de réaliser ce transfert de subordination. Les classes changèrent d'appellation, et les programmes  évoluèrent pour répondre aux besoins d'une économie renaissante. Leur contenu permit d'assurer la préparation aux carrières commerciales, industrielles et aux Écoles d'Arts et Métiers.
Le recrutement est peu modifié et des internes viennent encore de toute la France et même d'outremer. Des étrangers sont admis comme auditeurs libres. L'accès se fait par concours et de 1946 à 1949, les admissions ont été en moyenne de 350 par an sur 950 candidats. Le collège compte alors 1150 élèves dont 450 internes.
Les ateliers couvrent 8 000 mètres carrés, le parc machine est de 188, 15 spécialités professionnelles sont enseignées.
Une section d'électromécaniciens est créée, une section radio voit le jour et à partir de 1956, le Collège possède un cycle complet de 4 ans pour techniciens et techniciens supérieurs en électricité et en radio. Un laboratoire d'hydraulique a aussi été construit au profit des électrotechniciens et une section d'aide-chimiste est ouverte après la réfection totale de l'ancien laboratoire de chimie. La mise en place de ces formations a nécessité la construction de nouveaux ateliers, de nouvelles salles de technologie et la mise en place de nouvelles machines dont le parc est maintenant de 363.
En 1960, de nouvelles réalisations sont faites : salles de classe, amphithéâtres divers, salle de dessin, foyer pour internes, etc. De nouvelles sections sont ouvertes et la qualité de l'enseignement reste attractive puisque cette même année 1720 candidats se présentent (450 seulement sont acceptés).

En 1961, Monsieur JOUET est remplacé par Monsieur GOURNAY à la tête du Collège. Cette même année, l'annexe de VAUCANSON, gérée par l'A.P.P.S. prend son autonomie complète. Le nouveau directeur organise au sein de l'établissement des cours de promotion sociale pour adulte au niveau des techniciens supérieurs préfigurant la formation continue.
C'est lui aussi qui eut la charge, en 1964, de transformer l'établissement en Lycée Technique d'État préparant à des baccalauréats techniques et à des brevets de techniciens tout en conservant la fonction "collège technique" préparant à des C.A.P. (certificats d'aptitudes professionnelles) et à des B.E.P. (brevets d'enseignement professionnel).
Pour rester dans sa tradition de novateur, le Lycée VAUCANSON s'équipa, en 1963, d'un matériel audio-visuel pour l'enseignement de l'anglais. La salle laboratoire de 24 postes fut dans les premières, sinon la première, à être installée dans un établissement scolaire de ce niveau.
Si l'enseignement évolue tout en restant de remarquable qualité, l'environnement et les conditions de vie ne furent pas non plus négligées. En 1962, de nouvelles cuisines permettant de préparer 900 repas, remplacèrent celles de 1925, d'une capacité limitée à l'origine à 250 repas. Ainsi, le grand établissement avait-il enfin des cuisines à son échelle.
En 1966, sur plus de 21 000 mètres carrés, un nouvel ensemble sportif moderne vit le jour : un gymnase couvert de 2 800 mètres carrés, des terrains de jeu collectifs divers (volley, basket, handball, football, etc.), des aires pour l'athlétisme (course, saut, lancer, etc.). Ces installations furent complétées au cours de l'hiver 1967-68 par une piscine couverte et chauffée, ce qui entraîna la disparition de la vieille piscine extérieure.
Monsieur AUFFAY, qui remplaça Monsieur GOURNAY en 1969, et, monsieur COUTIN qui lui succéda en 1972, poursuivirent l'œuvre de leurs prédécesseurs pour faire en sorte que ce Lycée reste digne de son illustre devancière, l'École si chère au cœur des Grenoblois.
Mais il n'en résulta pas moins de sérieux changements dans l'enseignement puisque de nombreuses sections furent transférées à d'autres établissements nouvellement créés (aide-chimiste, mécanicien automobile, certains techniciens supérieurs, etc.), et d'autres sections prirent leur autonomie (école hôtelière, etc.). L'internat change aussi puisque les immenses dortoirs sont aménagés en boxes individuels mieux adaptés à l'esprit de l'époque.
C’est vers cette époque (en 1970 exactement) que certains Grenoblois ressentirent un petit pincement au cœur car une partie de l'ancienne école de la rue HAUQUELIN, celle qui abritait les ateliers et deux dortoirs, voyait les pioches des démolisseurs entrer en action. Des murs entre lesquels nombre d'entre eux avaient été formés disparaissaient du patrimoine la Ville.
Si Mai 68 et ses événements eurent peu d'impact sur la vie du Lycée VAUCANSON, que faut-il penser de ceux qui se déroulèrent en 1971 ? Pour la première fois de son histoire, le Lycée voyait les élèves se rebeller contre l'autorité administrative. Pour des problèmes de locaux et de conditions de vie de l'internat estimées impossibles, les élèves se mirent en grève le 9 mars 1971. Ils défilèrent dans Grenoble le 10 Mars, accompagnés d'élèves d'autres lycées. A partir du 13 Mars, le Lycée fut fermé (ainsi que 3 autres) par ordre du Recteur, ce qui entraîna une nouvelle manifestation de rue des lycéens et l'occupation des locaux par ceux-ci. Des heurts sérieux eurent lieu le 17 Mars, lorsque la force publique fit évacuer le lycée (un journaliste molesté, un policier grièvement brûlé, du matériel incendié, etc.). Le calme étant revenu, la réouverture du lycée se fit progressivement du 23 au 29 Mars. Il semblerait toutefois que l'occupation et les heurts susmentionnés n'aient pas été uniquement causés par des élèves mais également par "certains éléments extérieurs non contrôlés" suivant une formule bien connue.
Pour répondre à la loi de 1971 sur l'éducation permanente, monsieur COUTIN développa les cours de promotion sociale crées en 1961. Ainsi, le lycée prenait une nouvelle envergure puisque non seulement il formait des jeunes à des métiers très divers, mais il perfectionnait aussi un grand nombre de moins jeunes, ayant bien souvent abandonné des études depuis plusieurs années.
Et c'est dans cette direction essentiellement que se porta l'action de monsieur FEILLEUX, remplaçant de monsieur COUTIN en 1978. Il organisa ainsi un "Centre de Formation Continue" préparant les adultes engagés dans la vie active à divers diplômes de techniciens supérieurs en 6 ans d'études.
Mais ce C.F.C. organise aussi des cycles spécifiques donnant un complément de formation adapté aux besoins exprimés par les stagiaires.
C'est aussi pendant cette période que l'accès des voitures fut strictement limité et qu'un grand parking fut aménagé à proximité des bâtiments en accord avec la municipalité.
Ainsi en 1986, sous la direction de Monsieur GIBELLO qui a remplacé Monsieur FEILLEUX en 1983, les Lycées VAUCANSON (Lycée Technique d'État, Lycée d'Enseignement Professionnel depuis 1977) conservent dans la région une place de choix, recrutant en moyenne 450 élèves par an en formation initiale.
Les jeunes peuvent bénéficier d'un enseignement de valeur aussi bien dans le L.T.E. qui prépare de nombreux baccalauréats techniques, brevets-techniques et grandes écoles que dans le L.E.P. offrant à l'industrie et au commerce des professionnels de valeur.
Les adultes peuvent aussi suivre des cours de haute qualité, débouchant ou non sur un diplôme leur ouvrant des perspectives nouvelles dans leur activité professionnelle.
Tous les directeurs et proviseurs qui se sont succédé ont eu bien entendu de nombreux collaborateurs qui les ont aidés avec dévouement et compétence pour remplir leur mission. Nous n'en retiendrons que particulièrement deux : messieurs SALMON et CIMAZ, qui ont occupé la fonction de surveillant général, le premier de 1901 à 1929, le second de 1934 à 1969. Ils sont toujours présents à l'esprit des "Anciens" qui, tout en subissant leur discipline, ont aussi su apprécier leurs grandes qualités humaines d'éducateurs.
Comment évoluera cet établissement dans les prochaines années est une question à laquelle beaucoup d'anciens élèves aimeraient avoir une réponse. Souhaitons simplement que, quelles que soient les circonstances, économiques ou politiques, ce lycée, qui a un tel passé derrière lui, continue de former des techniciens de qualité et des hommes participant activement, comme leurs anciens l'ont fait avant eux, au développement de la France en général et de la région grenobloise en particulier.

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